Stéréotyper, suspendre, rouvrir : le chantier sans fin de la lecture et de l’apprentissage

  • Vendredi 17 avril 2009 à 12 h 30 (heure de Montréal)
  • Université Laval

Conférencière/Conférencier

Photo de J.L. Dufays

Dufays, J.L.

Jean-Louis Dufays a conjugué pendant 14 ans les métiers d’enseignant dans le secondaire et de chercheur. Docteur en Philosophie et Lettres, il est, depuis 1996, professeur à l'Université catholique de Louvain, où il enseigne la didactique du français et dirige le Centre de recherche en didactique des langues et littératures romanes (CEDILL). Principalement orientées vers la formation des enseignants, ses recherches portent sur la lecture littéraire, sur les stéréotypes, sur les genres de la poésie, du comique et de la chanson, ainsi que sur l'analyse des pratiques de classe.

 

Il a publié Le récit de vie (Didier Hatier, 1989), La chanson (Didier Hatier, 1994), Stéréotype et lecture (Mardaga, 1994), Pour une lecture littéraire (2 vol., De Boeck, 1996, 2e éd. 2005), Le comique (Didier Hatier, 1999), Le rire de Pierre Desproges (La Renaissance du Livre, 2000), Didactique des langues romanes (De Boeck, 2001), Etudier le français, l’espagnol et l’italien (De Boeck, 2003) et Réflexivité et écriture dans la formation des enseignants (Presses universitaires de Louvain, 2004). Il a également coordonné les 8 manuels scolaires de la collection « Parcours et références » (De Boeck, 2003-2004).

Description

Cet exposé de synthèse abordera les trois questions suivantes :

1° Qu’appelle-t-on stéréotypage ? Il s’agit à la fois d’un processus de production et de réception porteur de valeurs diverses et d’un processus appréhendable selon différents points de vue, de la sociologie à la psychologie sociale en passant par la linguistique et l’analyse littéraire.

2° Que dire du stéréotypage comme démarche de lecture ? Au départ d’un exemple, on verra que toute lecture débute par un procès de stéréotypage, mais que, dans un régime de lecture littéraire, le stéréotypage fait place à la mise en valeur des indéterminations. Deux issues sont alors possibles : la lecture suspensive et la déconstruction.

3° Qu’en est-il ensuite du stéréotypage comme démarche d’apprentissage ? Ici aussi, on se fondra sur un exemple pour montrer que tout apprentissage commence par une phase de stéréotypage où l’on mobilise des savoirs déjà-là et où les nouvelles informations sont ramenées à des structures de connaissance préexistantes perçues comme « opératoires » : tout apprentissage tend vers le stéréotypage. Dans un apprentissage à visée critique survient une phase de suspension : l’apprenant choisit d’accorder aux éléments neufs un intérêt spécifique, en les analysant et les décontextualisant. Peut venir alors le troisième temps, celui de la réouverture, qui va souvent de pair avec une recontextualisation.

Des similitudes fortes apparaissent donc en ce qui concerne le rôle du stéréotypage dans les processus de lecture et d’apprentissage, et en particulier, entre la lecture littéraire et l’apprentissage réflexif. Chaque relance du sens est liée à un stéréotypage nouveau : c’est là le chantier sans fin de la construction du sens, qu’il s’agisse d’apprentissage ou de lecture.